et la crise en mai 2015 ?

Nous avons eu l'occasion de parler de la situation en Grèce avec plusieurs personnes au cours de ce voyage. Je vais retranscrire certaines de ces conversations et je précise qu'il s'agit de ce qui m'a été dit et pas de mon opinion propre.

L'un nous a dit que la Grèce tient grâce à trois piliers :

1 : la famille. Quand ça ne va pas on s'entraide, on se regroupe pour manger et diminuer les frais; les parents aident les enfants ou l'inverse.

2 : la maison : 82% des grecs ont un toit à eux. Même si je n'ai pas d'argent j'ai un toit sous lequel dormir.

3 : l'église qui distribue énormément de repas gratuits.

Mais le même nous dit que c'est dans l'ADN des grecs de se débrouiller, de ne pas payer de taxes, de cacher leur argent au gouvernement.

Un exemple : un agent du gouvernement est chargé de retrouver les gens et les hôtels qui louent des chambres au noir, sans avoir l'habilitation (le panneau qu'on voit dans les hôtels déclarés). Il prend contact avec le président de la chambre hôtelière de Patmos, lui explique quelle va être sa démarche, veut retenir une chambre et compte sur son aide. A priori on se dit que l'hôtelier va être ravi qu'on débusque des concurrents illicites ? Et bien non l'hôtelier lui dit ; je ne veux pas de vous dans mon hôtel, je ne veux pas vous voir, oubliez-moi.

Toujours à Patmos, les maisons dans Chora sont hors de prix et les happy few (dont nous ne faisons pas partie) se jettent sur les masures en vente pour les réhabiliter et en faire des demeures de luxe. Le gouvernement s'intéresse donc à ces riches acheteurs pour voir s'ils n'auraient pas caché quelque revenu au fisc. Quand un inspecteur va à Chora sonner aux portes et demande si on connait monsieur X suspecté de détenir une maison ici, personne ne le connait, on ne l'a jamais vu ... et on ne retrouve personne.

Ce grec de Patmos nous montre une contravention récoltée pour un stationnement interdit qui reste impayée. Il nous dit qu'il en a une centaine dans son bureau, toutes impayées ! Il nous explique que le recouvrement est tellement mal organisé, en fait pas organisé du tout, que si elle veut faire payer l'amende, la municipalité de Patmos va devoir faire un procès, qui va coûter très cher (plus que l'amende) et durer longtemps, et donc elle préfère ne pas engager de poursuites et laisser tomber. Il parait qu'il y aurait pour 140 000 euros de contraventions impayées à Patmos ! Pour un français ça fait bizarre d'entendre ça.

Pour certains il n'y a qu'une solution : effacer totalement ou partiellement la dette. Pour d'autres on va y arriver mais ça prendra très longtemps. Un autre ne sait pas et dit "wait and see" à propos du nouveau gouvernement. Pour ce dernier tout le monde semble dire qu'il a au moins un avantage (pour le moment) :il n'a pas été encore corrompu. Si vous voulez lire un roman policier qui parle de manière très concrète de la crise grecque, je vous conseille la trilogie de Petros Markaris (parue en français et en format poche), le dernier "pain, éducation, liberté" est sorti en 2015.

Et j'écris cela au moment où pour la nième fois on parle de sortie de l'euro pour la Grèce ...

 A Athènes pas grand chose de neuf; peut être moins de marchands ambulants venus d'Afrique. Il faut dire que la police fait beaucoup de rondes. Mais pas mal de mendiants, et nous en avons vu aussi dans les îles ce qui était rare auparavant.

  

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